LES BOULETS D’EGAL SPORT
31 mai 2024
Carton rouge à Cédric Courtin président de l’Union sportive Orléans
Tribune Egal Sport- Association Mixité et Performance
Cette année 2024, alors que la place des femmes connait de belles avancées dans le monde du sport, parité à venir dans les instances de gouvernances fédérales, parité des athlètes aux Jeux Olympiques de Paris, création d’une ligue de football professionnelle féminine …, certains acteurs détricotent sans aucune vergogne les précieux acquis.
Ainsi en est-il de Cédric Courtin, tout juste arrivé à la présidence de l’Union Sportive Orléans Loiret Football qui vient d’annoncer, vendredi dernier à l’équipe féminine du club, que pour des raisons économiques, celle-ci ne repartira pas en D2 la saison prochaine. « Vous nous coûtez trop cher et vous ne nous rapportez rien ! ».
Pourtant le 23 mai 2024, tout semblait favorable aux joueuses. On pouvait lire sur le site du club un appel à venir les soutenir (certes bien stéréotypé…) pour leur dernier match de la saison « Pour renverser la montagne alsacienne, les partenaires de Mariane Amaro auront besoin de VOUS ce dimanche, en ce jour de fête des mères, une victoire serait un joli cadeau pour toutes les mamans. Elles comptent donc sur votre soutien et l’accès au Stade de la Source sera gratuit pour l’occasion. Audrey Dupupet, Charlotte Noel, Pauline Cousin et Namnata Traoré ont un message pour vous… ». Une victoire qu’elle ont obtenue et qui leur assure de rester en D2, championnat dans lequel elles évoluent depuis 2018/19.
« Trop cher »?
Avec 500 000 € annuel, l’équipe est classée parmi les plus petits budgets du championnat. Sans Kinésithérapeute, sans entraineur.e des gardiennes, les joueuses fonctionnent à l’économie et ce dans de nombreux secteurs, hébergement, restauration….
« Qui ne rapporte rien » ?
Alors que la FFF vient d’annoncer la naissance le 1er juillet 2024 de la ligue féminine professionnelle (LFFP) qui concerne la D1 et la D2, on aurait pu penser que cette avancée tant attendue pour les femmes (la ligue pro masculine – LFP - a été créée en 1946 - les ligues pro féminines de VB, BB et HB ont été respectivement créées en 1991,1998 et 2008) aurait incité le club à soutenir le collectif féminin dans cette belle aventure[i].
C’est ce que laissait entendre les premières lignes du communiqué de presse du 25 mai, publié sur le site du club[ii], qui affirmait « sa volonté de soutenir le football féminin et se félicitait des avancées pour les femmes en termes de professionnalisation »…. En parfaite incohérence, quelques lignes plus loin, on découvre que la structure ne peut « malheureusement pas supporter la contrainte financière de deux clubs professionnels masculin et féminin. ». Et que le choix est fait au détriment des féminines !
On sait pourtant que dans le sport professionnel, et en particulier dans le football, le budget des équipes féminines est sans commune mesure avec celui des masculins. Une nouvelle déclaration du président à la presse régionale[iii] nous apprend que le respect du cahier des charges de la D2 l’an prochain nécessite de revoir le budget à la hausse de 50 000 €.
Le choix opéré en réalité est une tentative de sauvetage de l’équipe masculine 8e de N1 (24e- journée), menacée d’une relégation administrative par la DNACG. Déjà en difficulté financière l’an passé, le club doit trouver cette année 2 millions d’Euros pour éviter la descente.
Résumons : le président sacrifierait sa future équipe professionnelle féminine, sans aucune certitude de pouvoir maintenir ce statut à l’équipe masculine.
Mais les temps changent… et les médias ne sont pas restés silencieux, incitant les instances politiques et sportives[iv] à agir pour tenter de trouver une solution afin que les filles ne soient pas, encore une fois, la variable d’ajustement !
[i] Le futur cahier des charges prévoit pour la D2 :
Création d’une Licence club en D2 pour apporter un encadrement technique et médical, des infrastructures d’entraînement et de compétition ainsi qu’une structuration administrative ;
Augmentation du nombre de contrats minimum en D2 : de 8 maximum aujourd’hui à 11 minimum la saison prochaine ;
Des outils de performance et de suivi médical seront mis à disposition des clubs afin d’optimiser l’accompagnement des joueuses (Askamon, Mycoachpro, Catapult) ;
Mise en place de garanties protectrices en matière de santé, grossesse et maternité à compter du 1er juillet 2024 pour les joueuses de D1 et D2 conformément aux recommandations patronales de Foot Unis et de l’U2C2F.
Plus de garanties en matière de santé
Foot Unis et l’U2C2F ont annoncé l’adoption d’une recommandation patronale en accord avec les clubs de Première et Seconde Ligues octroyant des garanties protectrices en matière de santé, grossesse et maternité à compter du 1er juillet 2024. Les clubs s’engagent pour sécuriser les situations des joueuses et favoriser leur développement sportif. Ils garantissent désormais un maintien de rémunération, sans condition d’ancienneté ni jour de carence, lorsqu’une joueuse professionnelle sous contrat de travail à durée déterminée se trouve en arrêt de travail ou en congé maternité. Le principe : les employeurs complètent les indemnités journalières versées par la Caisse primaire d’assurance maladie pour assurer aux joueuses le maintien de leur salaire de base.
[ii] https://orleansloiretfoot.com/lus-orleans-repond-a-larticle-de-la-republique-du-centre/
[iv] https://orleansloiretfoot.com/communique-de-la-lffp/