L'Oeil d'Egal Sport

18/08/2023

 

 

LE SPORT FEMININ, ANGLE MORT MÉDIATIQUE ?

 

 

 

 

Nous vous recommandons cette très intéressante émission

C’était sur France Inter – Le débat de midi du 18 août 2023 à écouter (55 mn)

 

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-debat-de-midi/le-debat-de-midi-du-vendredi-18-aout-2023-2935630

Depuis le 20 juillet se tient la coupe du monde de Football féminin en Australie et en Nouvelle-Zélande. Sur la période 2018-2021, le "sport masculin" a représenté en moyenne 71,5% des diffusions à la télévision, contre 4,5% pour le 'sport féminin". Comment expliquer un tel angle mort médiatique ?

On revient sur les rapports à la médiatisation du sport féminin, qui aurait pour certain.e.s du mal à se développer. Le journal Le Parisien a publié une étude en juillet montrant que depuis le début de l'année, les journaux radio et télé ont deux fois plus parlé par exemple de Kylian Mbappé que de l'ensemble des 23 joueuses de l'équipe de France de foot réunies. Il y a comme un vœu pieux de la part des médias de parler du sport féminin, mais ça ne fonctionne pas toujours. Alors, faut-il encore du temps ? Ou les spectateurs n'en sont pas friands ? On sait à quel point les sportifs sont pris en exemple, donc on se demande également quel impact cette faible médiatisation a sur les plus jeunes et comment tenter d'inverser la tendance ?

Avec pour en débattre :

  • Emilie Ros, journaliste sportive, qui a lancé le hashtag #Meufsdefoot.

  • Nathalie Iannetta, chef des sports à Radio France.

  • Sandy Montanola, Experte EGAL SPORT, maîtresse de conférences en sciences de l'information et de la communication à l'université de Rennes. Ses recherches portent sur les inégalités femmes/hommes dans les médias et notamment dans la médiatisation du sport.

  • Frédérique Jossinet, vice-présidente de France Judo et médaillée olympique en 2004.

Double peine : le sport en général n'est pas si médiatisé que cela en France

Dans un premier temps, Nathalie Iannetta estime que si les médias ne se saisissent pas de la même manière du sport féminin que du sport au masculin, il y a en amont une première variable déterminante à bien avoir en tête. À savoir que l'univers du sport lui-même n'est pas si médiatisé qu'on le pense : "En France, le sport, ce n'est pas le domaine numéro un en matière de médiatisation, que ce soit les garçons ou les filles, nous ne sommes pas un pays de sport, nous sommes un pays de sportifs. Ensuite, il y a une énorme différence de traitement entre le football et les autres sports, aussi bien côté garçons et que filles. Ce qui fait que, plus profondément encore, le sexisme sportif s'entretient en étant moins visible que dans d'autres domaines d'informationÀ l'intérieur même de la médiatisation du sport féminin, qui est assurément plus faible, le sport numéro un du pays n'a qu'une faible exposition médiatique puisqu'il ne représente que 20 % de la couverture générale des médias français".

Le sport féminin victime des logiques de rentabilités

Sur la période 2018-2021, le sport masculin a représenté en moyenne 71 % de diffusions à la TV, contre 4 % pour le sport féminin. Sandy Montanola souligne que cette sous-médiatisation quantitative est déjà très ancienne et que si demain, on se met à davantage médiatiser le sport féminin, on s'y intéressera automatiquement plus, car "il faut un taux d'exposition pour permettre aux personnes de pouvoir regarder ces sports-là. Mais si cet écosystème de sous-médiatisation pèse d'autant plus sur les femmes, c'est parce qu'il répond surtout à une logique de rentabilité. Plus on demande à des médias d'être concurrentiels et rentables, plus ils vont se centrer sur certains types de sport et en discriminer indirectement certains". Ce à quoi Emilie Ros ajoute que les journalistes font des choix éditoriaux : "On met en une ce qui fait vendre, mais on refuse d'admettre que si on met en avant les disciplines féminines, on va forcément finir par vendre aussi ! Parce que pour que les gens s'y intéressent plus significativement, il faut mettre en avant le sport féminin aussi plus significativement".

Un effort important reste à faire autour de la publicité et de la promotion des sports féminins en général selon Emilie Ros et Sandy Montanola : "On pourrait plus massivement donner envie aux gens d'aller assister aux matchs féminins en mutlipliant les informations, le savoir et la curiosité autour de chaque athlète, en capitalisant par la mise en place d'une stratégie de billetterie, de marketing, de promotion de l'événement qui soit susceptible de remplir les stades. Cette sous-médiatisation des femmes est moins bonne parce qu'on ne construit ni l'envie, ni le suspense de la même façon".

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