L’ŒIL d’EGAL SPORT

03/04/2019

Sur les traces d'Alice MILLIAT

 

 

La prise de responsabilité de femmes dans le sport, comme dirigeantes

 


Treize femmes sont actuellement à la tête d’une fédération soit à peine plus de 10%, dont une seule à la tête d’une fédération olympique. Le Conseil d’Administration du Comité National Olympique et Sportif Français, qui n’a jamais été présidé par une femme, est féminisé à 20%. Par comparaison, l’Assemblée Nationale l’est à 38,8%, le Sénat à 32% et le gouvernement d’Edouard Philippe est à parité.
Les femmes sont donc nettement moins nombreuses à occuper des postes à responsabilités dans le sport qu’en politique, par exemple. Quelles en sont les raisons ? Les actions actuellement entreprises suffisent-elles ? Quelles nouvelles pistes sont à explorer ?


UN PEU D’HISTOIRE


Le sport qui prend naissance en Angleterre dans le premier quart du XIX e siècle s’exporte très rapidement en France. C’est en France que la pratique se structure sous l’impulsion de Georges de Saint Clair, considéré comme le premier artisan du développement du sport français. Il créée et préside la première fédération sportive, l’Union des Sociétés Françaises des Sports Athlétiques, entouré par de jeunes dirigeants parmi lesquels Pierre de Coubertin.
Cette structuration a lieu à une époque où le rôle de la femme se cantonne à la sphère privée. Considérée majoritairement depuis la Grèce antique, par les philosophes, comme un être, par nature, inférieur à l'homme, la femme, lorsqu’elle y a accès, reçoit une éducation religieuse reposant sur des principes moraux stricts. La jeune fille est élevée afin de remplir au mieux son rôle futur de femme au foyer et de mère. Le corps médical affirme, de son côté, que la femme doit être en bonne santé pour assurer la reproduction de la race. Les activités physiques qui lui sont proposées doivent être adaptées. Les exercices proposant sauts, écarts de jambes, tête en bas sont proscrits dans le souci d’assurer la protection de ses organes génitaux., Le docteur Maurice Boigey, alors médecin-chef de l'École de gymnastique de Joinville, rappelle encore en 1922, que : « La femme n'est pas faite pour lutter mais pour procréer ».

 

 

C’est dans ce contexte que la gymnastique féminine, dont l’offre est en conformité avec les recommandations du corps médical de l’époque, apparait à l’école puis que les premières sociétés sportives se créent, à la fin du XIXe siècle. Celles-ci se structurent avec la naissance, en 1912, de l’Union Française de Gymnastique Féminine (UFGF), sous une présidence masculine.
Mais en réaction, un courant dissident émerge afin de contrebalancer l'influence de l'UFGF et d’ouvrir tout le panel des sports aux femmes. Il donne naissance en 1917 à la Fédération des Sociétés Féminines Sportives de France, cofondée par Alice MILLIAT, qui en devient la Présidente en 1919. Reconnue comme l'une des plus grandes militantes pour la reconnaissance du sport féminin au niveau international, elle crée, en 1921 et face au refus de Pierre de Coubertin d’intégrer les femmes aux Jeux Olympiques, des Jeux Mondiaux Féminins. Son action va permettre l’arrivée officielle des femmes aux J.O. à partir de 19281 (Amsterdam).
En France, le sport féminin se développe au sein de fédérations féminines qui disparaissent à partir de 1940, suite à la loi de réorganisation du sport imposant une seule fédération par sport.
Le sport féminin se retrouve géré par les hommes, les commissions féminines mises en place n’ont aucun pouvoir et aucun moyen. Les dirigeantes disparaissent et certains sports, comme le football, les sports de combats sont interdits aux femmes.


QUELLE MESURES EN FAVEUR DES FEMMES ET DE LA GOUVERNANCE DU SPORT ?


Il faut attendre les années 80 pour qu’un mouvement international, sous l’impulsion du Conseil de l’Europe, pose la question du développement du sport féminin (Dublin 1980) et de l’accès des femmes aux postes de responsabilité (Londres 1989). La Grande Bretagne prend le relai en organisant un important rassemblement international qui aboutit à la déclaration de Brighton en 94. Ce document fait date dans l’histoire des institutions sportives internationales et incite le mouvement sportif à prendre des mesures pour intégrer les femmes au sein de la gouvernance.
C’est en 1996 que la première conférence « femme et sport » est organisée par le CIO qui, notamment, fixe des objectifs pour la représentativité des femmes dans les instances de gouvernance des Comité Nationaux Olympiques (2). Il n’y est toutefois pas prévu de sanction si l’objectif n’est pas atteint.
Rééditées tous les quatre ans, ces conférences vont permettre de faire avancer la question de la place des femmes dans le sport. En 2018, la publication du « Projet d’analyse du CIO sur l'égalité des sexes » comprend 3 recommandations qui concernent spécifiquement la gouvernance. (3)

En France, à l’exception d’une mesure relative aux statuts types des fédérations prise en 19854, ce n’est qu’en 1999, avec les « 1eres assises du sport féminin » mises en place par Marie-George Buffet, que la question de la gouvernance du sport par les femmes est de nouveau abordée. Elle le sera à nouveau en 2004 avec la publication du « Rapport Deydier » puis en 2011 avec la présentation d’un second rapport, produit  par le groupe de travail « Femmes et sport » constitué par le ministère des sports. Parmi les préconisations présentées, un programme d’actions, devant s’inscrire dans la durée, propose à moyen terme un développementsignificatif de la mixité dans les fonctions de dirigeantes :
=> Détecter les femmes qui veulent s’engager dans les postes à responsabilité et en les accompagnant : par des formations (prise de parole, connaissance de l’environnement institutionnel, par exemple), en créant des fiches de postes pour expliquer en quoi consistent les missions des différents membres du bureau.
=> Créer un réseau officiel de femmes dirigeantes et mettre en place un système de
d’accompagnement des nouvelles dirigeantes sportives. Accompagner les associations ou les organisations qui oeuvrent dans la mise en réseau des acteurs.
La féminisation des instances dirigeantes constitue l’axe N°2 des plans de féminisations
imposés de 2013 à 2017 aux fédérations par le ministère des sports dans le cadre des
conventions d’objectifs.
Un objectif que vient renforcer l’article 63 de la loi du 4 Août 2014 (5) imposant aux fédérations, des dispositions statutaires en faveur de la parité dans leurs instances dirigeantes.
Dans le droit fil des recommandations du CIO, l’article 2 de la loi du 26 mars 2018 (6) impose au CNOSF « d’assurer une représentation équilibrée des femmes et des hommes dans ses statuts et de favoriser la parité au sein de l’ensemble de ses organes».

 

EVOLUTION ET PLACE DES FEMMES DANS LA GOUVERNANCE DES FEDERATIONS
Fédérations olympiques (36) – évolution des comités directeurs/conseils d’administration
Données EGAL SPORT

 

En trois olympiades, les différentes mesures réglementaires et législatives et les actions
menées par les fédérations dans le cadre des plans de féminisation génèrent une progression très significative de la place des femmes dans les instances dirigeantes des fédérations olympiques (CA ou CD). Entre les deux dernières olympiades, les statistiques progressent de 12 points, tant au sein des 36 fédérations olympiques qui passent de 24% à 36,20% de femmes (cf. graphique ci-dessus) que parmi les 35 fédérations non olympiques uni sports qui passent de 20,3% à 32,65%.
Selon le ministère des sports, seules huit des cent treize fédérations sportives agréées ne setrouveraient toujours pas en conformité avec la loi de 2014. Pour l’heure, ceci ne provoque que de simples rappels à l’ordre. Par comparaison, il est bon de préciser que dans les instances où la loi ne s’applique pas (ou du moins pas encore) comme, par exemple au sein du Comité National Olympique et Sportif Français, la féminisation est encore moindre (20% de femmes au CA du CNOSF) (7).

 

Fédérations olympiques (36) 2018 – postes au sein des bureaux directeurs
Données EGAL SPORT (8)

 

En ce qui concerne les bureaux directeurs des fédérations olympiques, la place des femmes enregistre une progression de 7 points entre les deux dernières olympiades, passant de 24,17% à 31,07 % et de 4 points pour les fédérations uni sports non olympiques, passant de 21,40% à 24,72 %.
Mais plus la responsabilité du poste est importante et plus les hommes restent majoritaires (cf. graphique ci-dessus). Seule Isabelle Lamour, Présidente, reconduite, à la tête de la fédération française d’escrime, parvient à accéder à la marche suprême d’une fédération olympique. C’est la seconde femme à occuper un tel poste, après Jacqueline Reverdy (FF équitation). Le phénomène du plafond de verre est encore très marqué dans le sport, plus particulièrement encore dans les fédérations qui proposent du haut niveau. Ainsi les fédérations uni sports n’ont que quatre femmes à leur tête (9), alors que les fédération multisports en comptent neuf (10).

Ce constat interroge.
Les fédérations multisports comprennent un pourcentage élevé de licenciées, l’offre sportive y étant majoritairement centrée sur le sport loisir, la santé, le bien être. Il peut sembler logique que les femmes accèdent plus facilement à leur gouvernance. Cependant, ce n’est pas le cas au sein des fédérations de gymnastique ou d’équitation qui comprennent plus de 80% de licenciées et sont présidées par des hommes. En conformité avec l’image de la femme, que la société s’est attachée à construire, les dirigeantes d’aujourd’hui s’engagent-elles plus volontiers dans des fédérations qui offrent une pratique loisir, dans un objectif de santé et de bien-être ?
Les hommes laisseraient-ils plus volontiers leur place au sein de fédérations non axées sur la compétition et qui, de ce fait, ont une moindre exposition médiatique ?
Ceux-ci tenteraient-ils de garder leur position dominante au sein des fédérations « qui brillent » davantage ?
Autant de questions qui renvoient à la question du leadership et à la manière dont celui-ci s’exerce au regard des valeurs sexuées.


VALEURS SEXUEES ET LEADERSHIP


Le tableau suivant, réalisé à partir d’études effectuées dans le monde de l’entreprise, peut parfaitement s’adapter à celui du sport.

 

Les valeurs « masculines » qui ont toujours prédominé dans la gouvernance des entreprises occidentales sont aujourd’hui remises en question. La rentabilité del’entreprise, fortement concurrencée, ne peut être préservée que si les nouvelles attentes de la clientèle sont prisesen compte. C’est pourquoi, émerge aujourd’hui un nouveau leadership qui concilie, autorité et écoute en s’appuyant autant sur les valeurs « masculines » que « féminines ».
Le mouvement sportif, tout comme le monde économique, est confronté à une concurrence qui ne cesse d’augmenter. Pour faire face au développement des pratiques libres, de l’offre des clubs privés, les fédérations doivent faire preuve d’inventivité afin de fidéliser leurs licencié.e.s et d’aller démarcher de nouveaux publics.
Mais la révolution qui est en train de se produire dans le monde économique semble tarder à atteindre le monde sportif associatif où la gouvernance est exercée majoritairement par des bénévoles.
Selon l’enquête de l’IPSOS de 2016, commanditée par l’association France Bénévolat, les femmes sont presque à parité (48,80 %) parmi les bénévoles impliqués dans la vie associative, toutes thématiques confondues. Dans le sport, une publication de 2014 (11) révèle qu’elles sont 16% moins nombreuses dans le sport que dans les autres secteurs associatifs alors que les hommes y sont 28 % plus nombreux. Si la base sur laquelle repose le bénévolat dans le sport affiche un déséquilibre en faveur des hommes, celui-ci croit au fur et à mesure des responsabilités.
Assurer la présidence d’une fédération nécessite une très grande disponibilité. Par conséquent, il n’est pas surprenant d’y trouver des leaders âgés, ayant cessé leurs activités professionnelles et exerçant leur gouvernance selon ces valeurs dites masculines.
Celles-ci sont encore plus valorisées parmi les fédérations de sports dits « virils » ou celles quigénèrent de la visibilité en raison de leur forte médiatisation. Le profil des 13 fédérations aujourd’hui présidées par des femmes (cf. page 5) semblent bien confirmer cette hypothèse.
Si quelques fédérations pionnières, présentées ci-après, se sont résolument engagées en faveur d’un nouveau mode de leadership, le contexte sociétal actuel reste encore peu propice à l’arrivée des femmes dans des postes à responsabilité dans le sport. Un contexte qui conditionne à l’évidence leur posture personnelle.

 

POUR PRENDRE DES RESPONSABILITES DANS LE SPORT, QUELS OBSTACLES LA FEMME DOIT ELLE SURMONTER ET DE QUELS ATOUTS DISPOSE-T-ELLE ?


Prendre un poste à responsabilité dans le sport ? Les femmes sont de plus en plus nombreuses à envisager cette opportunité, elles sont pourtant encore peu à franchir le pas et à candidater et encore moins nombreuses à être élues.
Car s’ajoute au contexte sociétal, un contexte personnel, fortement conditionné par
l’éducation reçue, qui joue sur le degré d’acquisition de confiance en soi, mais aussi sur les « permissions » et donc sur les choix sportifs. Des facteurs qui génèrent de nombreuses interrogations.
« Ai-je les compétences requises ? les connaissances ou l’expérience suffisantes ? la
disponibilité ?
A ces questions on opposera que la femme est souvent une très bonne gestionnaire de son temps car elle est confrontée à une multitudes de tâches qu’elle apprend à gérer efficacement.
Que celle qui manque de confiance en soi va suivre des formations avant de s’engager plus avant dans la prise de responsabilités. Que la bénévole qui oeuvre de longue date dans une association a acquis de l’expérience. Qu’elle se voit confier souvent une responsabilité d’adjointe, acquérant par là des savoir-faire précieux. Ou bien encore qu’ancienne sportive de haut niveau, elle possède un avantage certain, de par la grande connaissance de sa disciplineet une vision large des problématiques acquises par la compétition et ses confrontations à l’international.
Mais entre en ligne de compte également le regard des autres :
« Existe-t-il des modèles qui me permettent de me projeter, de voir que cela a déjà été réalisé ?
Qui me soutien dans ce projet ? Quelle opinion a-t-on et va-t-on avoir de moi ? ». Des questions au regard desquelles, le fait de posséder ou non un réseau va jouer un rôle déterminant.
Enfin « qu’est-ce qui va me convaincre de ma légitimité ? ». Plusieurs témoignages de femmes rapportent qu’un simple message délivré par une personne de confiance a constitué l’élément déclencheur, celui qui les a amenées à franchir le pas.
A ces interrogations quelles réponses le mouvement sportif propose-t-il ?
Si, de longues dates, des formations sur des thématiques spécifiques : administrative, juridique, communication/marketing, fonctionnement associatif, managériale sont proposées par des CROS, CDOS ou encore des fédérations, celles-ci s’adressent à un public indifférencié d’hommes et de femmes bénévole ou encore salarié. Elles permettent de renforcer les compétences de ces personnels, mais n’apportent pas de réponse spécifique en faveur des femmes.
De plus en plus de conférences ou colloques, organisés à l’initiative d’associations ou de collectivités, abordent la question de la place des femmes dans la gouvernance du sport mais il s’agit majoritairement d’actions destinées à sensibiliser le public à la thématique qui n’ont pas pour objectif d’y remédier.
Quelles offres peuvent permettre de faire bouger les lignes ?


QUELS OUTILS, QUELLES AIDES SPECIFIQUES ONT ETE ET SONT PROPOSES ?
QUELLES NOUVELLES PISTES SONT ENCORE A EXPLORER
?


Les plans de féminisation, mis en oeuvre par les fédérations (cf page 3), et dont un bilan a été effectué par le ministère des sports en 2016 (12) offrent un arsenal assez riche d’actions visant « la féminisation des instances dirigeantes fédérales et déconcentrées » (axe 2). Parmi les 86 fédérations ayant communiqué leur plan de féminisation, 82,3 % d’entre elles (70) ont proposé des actions s’inscrivant dans cet axe 2.
Ci-dessous sont présentées les actions les plus significatives :

 

=> Des journées de sensibilisation et d’accompagnement voire, des cycles de formation du public féminin, désireux d’accéder à des fonctions représentatives dans le secteur associatif sportif sont mises en place par quelques fédérations (Cyclisme, Hockey, Handball…) ainsi que par des CDOS et CROS, notamment en partenariat avec l’association Femix’Sports.


=>Une vidéo très attractive montrant des femmes engagées dans leur sport (dirigeantes, arbitres) est proposée par la fédération française de Handball : https://videostreaming. orange.fr/sports-extreme/plan-de-feminisation-ffhb-osez-
VID0000001PIRG.html


=> Au sein du projet « Toutes sportives » l’UFOLEP propose un programme de leadership
et ce notamment au travers d’un groupe d’élues « F.A.I.R » : Femmes en Action pour l’Inclusion et le Respect.


=> Le remarquable programme « Mixité triathlon », présenté en 2017 par la fédération
française de Triathlon, propose des actions permettant de lutter contre les stéréotypes
sexués ou encore de favoriser l’engagement des femmes dans l’ensemble des secteurs de la vie fédérale. Présenté sous la forme d’un fascicule très attractif, ce dernier propose un argumentaire sur l’égalité femme-homme et la mixité dans le sport qui peut servir de base de réflexion à toute structure sportive, quelle qu’en soit l’activité. https://www.fftri.com/wp-content/uploads/2018/06/Livret-Mixite-2018.pdf


=> L’opération « Mesdames, franchissez la barrière ! », initiée par la fédération française de Football, affiche l'ambition de donner aux femmes la possibilité d'intégrer l'équipe bénévole d’un club, d’un district ou d’une ligue. Elle s’est enrichie, cette année du premier séminaire du « Club des 100 femmes dirigeantes ». Une opération qui vise à « faire connaissance pour construire un réseau, créer une cohésion d’équipe, partager son expérience et les bonnes pratiques, et mobiliser ce réseau en vue d’animer les territoires en amont de la Coupe du monde féminine organisée en France ». https://actudirect.com/football/le-club-des-100-femmes-dirigeantes-en-seminaire-ifff-2019/

 

=> Enfin, l’initiative « Omnisport pour Elles », afin « de toujours plus dénoncer et combattre les inégalités que les femmes continuent de subir dans le sport comme dans les autres secteurs de la société » est un appel, lancé le 8 mars 2019 par des dirigeantes de clubs Omnisports. Il met exergue la place prise par des femmes engagées qui « comme elles, avec d’autres contraintes, d’autres visions aussi, font évoluer la pratique sportive, le modèle associatif, le rapport au sport, les représentations dominantes ».


Les plans de féminisation ne sont, malheureusement plus une obligation, au sein des
conventions d’objectifs depuis 2018. Si les fédérations les plus volontaristes poursuivent, voire innovent, en faveur de cette thématique, on ne peut que regretter l’absence d’incitation auprès de celles qui ne se sont pas ou insuffisamment engagées dans cette voie.
Enfin, deux projets, financés par la Commission Européenne et auquel le CNOSF a participé ont eu pour objectif d’accompagner des femmes à prendre des responsabilités au niveau international en leur proposant de développer leurs compétences managériales et de construire un réseau européen de femmes dirigeantes. Le programme « WILD » (13) (2010/2011) puis le projet « SUCCESS »(14) (2016/2017) ont respectivement bénéficié à 6 puis 8 candidates françaises proposées par leur fédération respective.
Alors que le CNOSF affirme que « les freins majeurs identifiés pour l’accès des femmes aux responsabilités sont notamment le manque d’opportunité pour se former mais aussi l’appartenance à un réseau », la Commission Européenne ajoute qu’il est nécessaire que les instances de gouvernance du sport évoluent dans leur mode de fonctionnement. « Pour les femmes désirant prendre davantage de responsabilité, la mise en place du mentorat, transmission informelle de connaissances, comprenant l'apprentissage, le dialogue et les confrontations, doit être mis en place, que ce soit sur une base non formelle ou via une approche pédagogique plus formelle, menant à des qualifications ».
Elle préconise d’introduire davantage de souplesse dans l’organisation du temps des
dirigeant.e.s en optant notamment pour des « modes de communications et d’organisation du temps plus adaptés aux contraintes de la vie personnelle (téléconférences, visioconférences, etc.) ». Des outils auquel le mouvement sportif français recourt encore très insuffisamment aujourd’hui.

 

EN CONCLUSION


« MESDAMES OSEZ !», ce message délivré par quelques fédérations volontaristes, reste plus que jamais d’actualité pour inciter les femmes à prendre davantage de responsabilités dans le sport. Mais, à l’image des instances internationales, le ministère des sports et le CNOSF doivent continuer à stimuler toutes les structures sportives afin que de nouvelles actions de formations, et d’accompagnement soient mises en oeuvre pour une gouvernance plus mixte, plus jeune et plus performante.

 

(1) Pierre de Coubertin ayant quitté la Présidence du CIO

(2)10% de femmes dans les CNO d’ici 2000 et 20 % en 2005
(3) 18e Recommandation : Développement du leadership dans la gouvernance

Le CIO établira des mécanismes stratégiques afin d’élargir le vivier de talents composé de candidates à des postes de gouvernance en général ainsi que pour des postes à la commission exécutive.

19e Recommandation : Procédure d’élection des membres du CIO
Le CIO s’assurera que sa procédure d’élection reflète sa détermination à avoir une composition diversifiée et équilibrée.
20e Recommandation : Procédure d’élection au sein des CNO et des FI de sport
Les parties prenantes du Mouvement olympique procéderont à un examen de leurs mécanismes d’élection afin
d’élaborer des stratégies pour une représentation équilibrée des sexes au sein de leurs organes de gouvernance.

(4)Assurer une représentation minimale des femmes au sein des instances fédérales - 1 siège pour 10% de licenciées.

(5) Article L131-8 de code du sport
(6) https ://www.legifrance.gouv.fr/eli/loi/2018/3/26/SPOV1729269L/jo/texte

(7) Alors qu’en 2019, le CIO compte parmi ses membres 33% de femmes.

(8) http://www.egalsport.com/l -oeil-d-egal-sport/dossier-f%C3%A9d%C3%A9rations/
(9) Présidentes de fédérations unisports : Cyclotourisme : Martine Cano, Escrime : Isabelle Lamour, Football américain : Brigitte Schleiffer et Vol Libre : Véronique Gensac.
(10)Présidentes de fédérations multisports : Double Dutch : Nadia Aidli, EPGV : Patricia Morel, FSGT : Emmanuelle Bonnet Ouladj représentante légale et co-présidente, Handisport : Guislaine Westelynck, Sport en Milieu Rural : Brigitte Linder, Police

(11) "Le sport en France : repères, chiffres-clés et paroles d'acteurs", avril 2014.

(12) http://doc.semc.sports.gouv.fr/documents/Public/panorma_plans_feminisation_2016_042016.pdf

(13) L’Organisation européenne non gouvernementale des sports (ENGSO) est à l’initiative de ce projet coordonné par le Conseil central du loisir sportif britannique (Central Council of Physical Recreation ou CCPR), membre de la Confédération du sport britannique. https://www.franceolympique.com/art/1069 programme_europeen_wild.html
(14) Aux côtés de six CNO européens (Croatie, Lituanie, Slovaquie, République Tchèque, Italie), le CNOSF participe au projet « SUCCESS » dont le but est d’atteindre une représentation femmes/hommes équilibrée au sein des instances de décisions du
mouvement sportif. Ce projet permet à 56 femmes (8 femmes élues ou salariées par pays) de suivre deux sessions de formation en management du sport et de bénéficier pour cela d’une bourse prenant en charge la totalité des frais engendrés. Au -delà du
développement des compétences individuelles, le but de ce programme, organisé du 1er janvier 2016 au 31 décembre 2017 est d’animer un réseau européen favorisant la mixité au sein du mouvement sportif.
https://cnosf.franceolympique.com/cnosf/actus/6610-faire-de-lgalit-des-genres-une-ralit-dans-le-sport-.html

 

Des références sur le sujet :

Catherine LOUVEAU - « Dans le sport, des principes aux faits… », Travail, genre et sociétés, 2015/2 (n° 34), p. 181-186.

 DOI : 10.3917/tgs.034.0181. URL :  https://www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2015-2-page-181.htm (si le lien ne s’ouvre pas copier le dans votre navigateur)

Caroline CHIMOT - (2004) « Répartition sexuée des dirigeant(e)s au sein des organisations sportives françaises »,

 Staps : https://www.cairn.info/revue-staps-2004-4-page-161-htm (si le lien ne s’ouvre pas copier le dans votre navigateur)

(2005) « Les dirigeantes dans les organisations sportives : le genre et le sport », thèse pour le doctorat de sociologie, Université Paris 8.