L'Oeil d'Egal Sport

20/04/2022

 

 

FEMME/MIXITE ET SPORT 

LES AVANCEES 2019/2022

 

Si comme l’a souligné, Carole Gomez, directrice de recherche à l’IRIS[1], « la crise du Covid a largement pénalisé le sport féminin, avec des championnats arrêtés, une quasi-invisibilité médiatique, une réflexion sur le sport d’après, centrée sur la pratique masculine, des sections féminines devenues variables d’ajustement, les conséquences de la COVID-19 seront essentielles à analyser afin de pouvoir mesurer l’impact réel de cette crise sur la santé du sport féminin ».

 

Mais afin de conserver une dose d’optimisme, et stimuler cet esprit volontariste qui nous anime, Égal Sport s’est attaché à dresser une liste de constats POSITIFS, recueil des avancées enregistrées durant ces 2 dernières années, en faveur de la place de la femme dans le sport, tant à l’international qu’en France.

 

A notre grand étonnement, la liste loin d’être exhaustive, que nous avons agencée selon des thématiques fréquemment abordées, est bien plus dense que nous ne l’imaginions.

 

Est-ce la preuve que renoncement ne va pas avec féminin ?

 

 

  1. LA GOUVERNANCE AU SEIN DES COMITÉS ET FÉDÉRATIONS SPORTIVES

 

  • A l’international

Décembre 2020 : Annika Sorenstam, ancienne n°1 mondiale est élue présidente de la fédération internationale de golf.

 

2020 : Virginie Faivre, triple championne du monde et vainqueure de la coupe du Monde en ski half-pipe, devient présidente du comité d'organisation des Jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) d'hiver de Lausanne 2020.

 

Novembre 2021 :  La Fédération internationale de tennis de table (ITTF) est, pour la première fois, dirigée par une femme. La Suédoise Petra SÖRLING jusqu'ici vice-présidente en charge des finances axe son programme autour de quatre idées : l'unité, la gouvernance, le développement marketing et commercial, l'égalité et la diversité.

 

A notre connaissance, 3 fédérations internationales olympiques sont désormais présidées par une femme (la troisième étant la fédération internationale de triathlon dont Marisol Casado, présidente élue en 2008 effectue son 4e mandat).

·         En France - Elections

Mars 2020 : Nathalie Péchalat, ex championne de danse sur glace, est élue présidente de la FF des sports de glace et succède à Didier Gailhaguet, contraint à la démission après un scandale de violences sexuelles qui a touché de plein fouet la fédération.

 

Octobre 2020 Guislaine Westelynck, ancienne nageuse de haut niveau qui assurait l’intérim depuis 2018 est élue présidente de la FF handisport.

 

Janvier 2021 : Isabelle Jouin est élue présidente de la FF de hockey sur gazon. 

 

Juillet 2021 :  Anne-Chantal Pigelet Grévy est élue présidente de la FF de ski (élection en cours d’olympiade, pour donner suite à la nomination de Michel Vion au poste de secrétaire général de la FI).

 

4 femmes président aujourd’hui une fédération olympique (sur 36 fédérations), ce qui constitue un record français.

 

2022 : Sur 119 fédérations sportives agréées par le ministère des Sports, 19 femmes sont présidentes d’une fédération ce qui représente une augmentation de 10 à 18% en 3 olympiades (2009/2021).

 

Juin 2021 : Brigitte Henriques est élue à la présidence du CNOSF - Le CA composé de 47 membres comprend 29,8% de femmes, le BE composé de 14 membres comprend 43% de femmes.

 

Avec l’élection de Marie-Amélie Le Fur à la présidence du CPSF (comité Paralympique) en décembre 2018, athlète multi médaillée, avec une dernière médaille d’argent aux Jeux Paralympiques de TOKYO 2020, les 2 comités du sport français sont actuellement présidés par des femmes, ce qui constitue un autre record français.

·         En France - avancées législatives

 

Mars 2022 - loi sur la démocratisation du sport – 2 articles sur la gouvernance des fédérations :

  • Article 29 : parité femme-homme dans les instances dirigeantes des fédérations sportives en 2024 au niveau national et 2028 au niveau régional.
  • Article 38 : limitation à 3, le nombre de mandats des président.es de fédération, des organes régionaux, des ligues professionnelles, avec une exception pour un 4e si mandat en cours.

 

 

  1. PROTECTION SOCIALE : PRIMES / SALAIRES / MATERNITE

 

  • A l’international

Novembre 2019 : égalité de salaire entre les femmes et les hommes de l'équipe nationale australienne de football.

 

Février 2020 :  signature de la 1e convention collective sur les salaires et les conditions de travail, pour les footballeuses espagnoles professionnelles – pour les joueuses de la 1e division, le salaire annuel minimum garanti est de 16 000 €. S’y ajoutent des congés payés et des congés de maternité.

2020 : l’union cycliste internationale (UCI) met en place un congé maternité payé pour les cyclistes appartenant aux équipes du World Tour (3 mois à 100%, 5 mois à 50% du salaire). Une victoire remportée par Le syndicat des cyclistes femmes, dirigé par la néerlandaise Iris Slappendel.

Les équipes cyclistes du World Tour féminin ont obligation d’instaurer un salaire minimum via un contrat standard (minimum de 15 000 € annuel en 2020 puis 20 000 € en 2021 et 27 500 € en 2022) ou un contrat d’indépendante (24 000 €, 32 000 €, 45 100 €). Elles passent de 5 formations en 2020 à 10 en 2021, 15 en 2022. Chaque structure doit être composée d’au moins 9, et jusqu’à 16 coureuses.

 

Janvier 2021 : l’équipe cycliste américaine Trek Segafredo est la première équipe à augmenter le salaire minimum de ses coureuses (qui passe de 20 000 € à 40 045 € par an pour la salariée, de 32 800 € à 65 673 € pour l’auto-entrepreneur) pour que celui-ci égale celui de l’équipe masculine. Un pas de plus vers le développement du cyclisme féminin.

 

Septembre 2021 : Football - Égalité des primes de match lors des rencontres internationales entre les femmes et les hommes de l’équipe nationale de la République d’Irlande. Les joueurs ayant accepté de voir leur prime baissée pour équilibrer la dotation.

 

Février 2022 : l’équipe féminine nationale de football des États-Unis, 4 fois titrée en coupe du Monde, obtient l’égalité salariale. Elle rejoint la Norvège (2017), l’Australie (2019), la Nouvelle-Zélande (2018), l’Angleterre (2020) et le Brésil (2020), pays où les fédérations se sont déjà publiquement engagées à pratiquer l’égalité de rémunération lors des matchs internationaux. 

  • En France

Juillet 2020 : signature d’un accord collectif arrêtant les conditions de travail et de rémunération, par la FF de rugby, des joueuses professionnelles de l’équipe de France de rugby (26 salariées en 2021). https://www.droits-salaries.com/784405813-ffr-federation-francaise-rugby/index.shtml

 

Mars 2021 : par la volonté commune des 3 partenaires professionnels, les handballeuses sont les premières sportives professionnelles à se doter d’un accord sectoriel. Une avancée majeure pour les joueuses qui voit leur écosystème évoluer avec notamment le maintien du salaire pour une durée totale de 12 mois d’arrêt de travail (contre 3 actuellement en cas de maternité ou de longues blessures. Toutes les autres professionnelles étant soumises à la Convention Collective Nationale du Sport https://www.coover.fr/conventions-collectives/sport

 

Janvier 2021 : les cyclistes françaises déjà professionnelles, grâce à un contrat dans une équipe World Tour, soit une quinzaine d’athlètes en 2021, accèdent au statut de professionnelle en France.

 

Février 2022 : publication par le ministère des Sport du guide « Sport de haut niveau et maternité, c’est possible », outil qui a pour vocation à démontrer que la performance sportive et la maternité sont compatibles.

 

Mars 2022 : la FFF crée une commission fédérale pour le football féminin de haut niveau, présidée par Jean-Michel Aulas (OL). Note d’Egal Sport : A quand de réelles avancées en France pour les footballeuses de haut niveau ?

 

  1. MANIFESTATIONS SPORTIVES

 

  • A l’International

2020 : Le programme des JOP de TOKYO compte 18 épreuves mixtes, soit 2 fois plus que lors des jeux précédents. Ces JOP accueillent 5440 hommes et 5176 femmes soit 48.6% de femmes, un record.

Deux catégories de changements majeurs permettent de se rapprocher au mieux de la parité. La création de nouvelles épreuves, et la suppression d’épreuves masculines au profit d’épreuves féminines ou mixtes.

En escrime par équipes, l’alternance entre épée et sabre chez les hommes et entre sabre et fleuret chez les femmes laisse place en 2020 à deux épreuves par équipes. Les trois armes sont désormais représentées par équipes pour les deux sexes.

En natation, ajout du 800 m nage libre chez les hommes et le 1500 m nage libre chez les femmes.

Arrivée de 6 nouvelles épreuves MIXTES : athlétisme : relais 4X400 m - judo : compétition par équipes - natation : relais 4X100 m quatre nages - tennis de table : double mixte - tir à l’arc : compétition par équipes - triathlon : relais par équipes

Remplacement d’épreuves masculines afin d’intégrer des épreuves féminines/mixtes en aviron, boxe, canoë, tir et voile.

 

2022 : Les jeux olympiques d'hiver de Pékin 2022 portent sur 15 disciplines pour un total de 109 épreuves, soit 52 épreuves masculines, 46 féminines et 11 mixtes. Sept nouvelles épreuves font leur apparition au programme olympique : le cross par équipes mixtes en snowboard, le bobsleigh monoplace féminin, le relais mixte en short-track, le saut à ski par équipes mixtes, le big air masculin et féminin ainsi que le saut par équipes mixtes en ski acrobatique.

 

 

  • En France

Décembre 2021 :  Amélie Mauresmo devient directrice du tournoi de tennis de Roland-Garros et la première femme nommée à cette fonction.

2022 : renaissance du Tour de France féminin avec la participation de 22 équipes de 6 coureuses. la course sera retransmise par un direct de 2h30 par jour sur France Télévisions. https://www.ekoi.fr/fr/blog/grande-boucle-feminine-internationale#quest-ce-que-la-grande-boucle-feminine-internationale

 

  1. MEDIATISATION

Juin 2019 : coupe du Monde féminine de Football - 10,712 millions de téléspectateurs sur TF1 pour la rencontre France-USA match de 1/4 de finale.

 

2018/2023 :  le groupe Canal a acquis, pour 5 saisons, tous les matchs de la Division 1 féminine de football pour 1,2 million d'euros par saison. En 2011 ces droits s’élevaient à 110.000 € et en 2017 à 200.000 €.

 

Mars 2021 : Six femmes, journalistes de sport créent l’association des Femmes journalistes de sport. Elles ont aujourd’hui 193 à avoir rejoint l’association. Leur profil est ici : https://femmesjournalistesdesport.fr/

 

Avril 2021 : diffusion du documentaire « Je ne suis pas une salope, je suis journaliste » de Marie Portolano et Guillaume Priou. Le film expose le poids des stéréotypes sur le quotidien des femmes journalistes de sport. Il s’inscrit dans une série de mobilisations dénonçant les discriminations salariales, les difficultés d’accès aux postes à responsabilité, ou encore l’ambiance sexiste des rédactions politiques et sportives. https://theconversation.com/quelle-place-pour-les-femmes-dans-le-journalisme-de-sport-159172

 

2022 : création de l’association pour le Football Féminin Professionnel (AFPF), qui a pour but de poursuivre le développement et la structuration de la D1 Arkema pour concurrencer les autres championnats au niveau international, et en faire un championnat « haut de gamme ». Une initiative qui permettra enfin d’aboutir à l’adoption du statut professionnel ? Un changement impératif pour rattraper le retard pris sur les premières divisions anglaise et espagnole, déjà professionnelles, et la Série A italienne, dont la professionnalisation a été annoncée pour 2022.  

 

2022 :  Le décret français de la loi européenne de 1986 qui « garantit l’accès gratuit au plus grand nombre de téléspectateurs aux événements « d’importance majeur » (EIM) », compte aujourd’hui 21 compétitions dont seulement 5 féminines. En 2022, le gouvernement a lancé une consultation (dont les résultats ne sont pas encore connus à ce jour) afin de donner une plus grande visibilité au sport féminin et au handisport. La proposition est que pour un même sport, soient listées les équipes de France féminines et masculines.

https://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Audiovisuel/Publications/Consultation-publique-sur-la-modernisation-de-la-liste-des-evenements-d-importance-majeure

et la diffusion du documentaire « Je ne suis pas une salope je suis journaliste » (https://theconversation.com/quelle-place-pour-les-femmes-dans-le-journalisme-de-sport-159172

 

  1. ARBITRAGE

2019- 2020 – 2021 - 2022 : Stéphanie Frappart arbitre son premier match de football de Ligue 1 en 2019. Elle intègre le corps arbitral du championnat masculin de Ligue 1 en 2020.  Elle devient la première femme à arbitrer une coupe d’Europe masculine (Euro 2021). Elle est désignée par la fédération internationale en 2021 et 2022, meilleure arbitre féminine du monde de l’histoire et de la statistique du football (IFFHS).

Le 7 mai 2022, elle est la première femme à diriger une finale de Coupe de France masculine (Nice-Nantes au Stade de France).

 

 

Si vous avez connaissance d’avancées significatives qui pourraient compléter cette liste,

Merci de nous les communiquer à : http://www.egalsport.com/contact/

 

 

[1] https://www.iris-france.org/wp-content/uploads/2020/05/Obs-Sport-f%C3%A9minin-Gomez-mai-2020.pdf