L’OEIL D’EGAL SPORT
14 décembre 2017


MEDIATISATION DU SPORT FEMININ – TOUCHE PAS A MON CNDS !

 

Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA), s’appuyant sur une observation faisant apparaitre une importante sous médiatisation du sport féminin à la télévision,(1), annonçait le 27 novembre 2013, lors d’un colloque portant sur la médiatisation du sport au féminin, le lancement des « 24 heures du sport féminin » (2). C’est à cette occasion que la Ministre chargée des Sports, Valérie Fourneyron officialisait la création d’un dispositif destiné à encourager cette médiatisation.
Financé par le Centre National pour le Développement du Sport (CNDS) ce dispositif a pour objectif de promouvoir la pratique sportive féminine, ainsi que celles des personnes en situation de handicap en favorisant leur exposition télévisuelle.
Il s’agit d’un fonds qui permet la prise en charge d’une partie du coût d’une production audiovisuelle - retransmission de compétitions sportives majeures, reportages sportifs ou de programmes courts traitant d’une discipline sportive peu médiatisée. Pour le sport handicap celui-ci permet l’achat de droits d’images de compétitions internationales.
La diffusion doit être faite, soit sur des chaînes TV gratuites grand public, soit sur des chaînes télévisées payantes avec diffusion large sur le sol français et sous réserve d’une obligation d’accès gratuit (diffusion en clair, internet, replay TV) de l’ensemble des images produites, éventuellement sur des chaînes locales.
Peuvent solliciter ce fonds, les fédérations sportives agréées, les comités d’organisation ou associations et toute entité à but non lucratif ayant reçu l’organisation d’un événement par une fédération ou pilotant un événement avec un partenariat fort et l’accord formel d’une fédération.
Initialement porté à hauteur de 1 million d’€ en 2014, celui-ci a été revu à la baisse en 2015 (600 000 €) en raison d’une consommation partielle des crédits (581 400 €), porté 650 000€ en 2016, dont 607 800€ ont été consommés puis de nouveau à 1 million d’€ en 2017(3). Si le nombre de projets soutenus sont passés de 25 à 32 en 3 années, les projets strictement en lien avec le sport féminin ont eux stagnés (15 puis 12 puis 15) avec une consommation passant de 376 000 – 75% de l’aide totale, à 263 000 - 45 % puis à 340 000€ - 56%).
Si le dispositif est une très bonne chose, une communication mieux ciblée et faite plus en amont, permettrait sans doute à davantage de fédérations de solliciter ces fonds afin que ceux-ci soient intégralement consommés.
Avec la diminution importante que connait le budget du CNDS en 2018 (4) et dans l’actuelle incertitude des découpages budgétaires, il ne faudrait pas que l’existence de ce fonds soit remise en question. Car, même si le CSA constate dans son rapport de 2016 une plus forte exposition de la pratique sportive féminine, avec un « poids dans le volume horaire des retransmissions sportives qui a plus que doublé entre 2012 et 2016 (5) », l’égalité de diffusion entre les compétitions féminines et masculines dans les médias est loin d’être atteinte.
Plus que jamais les actions en faveur de ce rééquilibrage, telles que cette aide à la médiatisation, s’avèrent nécessaires !

Parmi les productions soutenues en 2017 en faveur de la pratique féminine on peut citer par exemple :

  • Au printemps 2017, les 2 directs sur France 4 des cinquième et sixième (dernière) étapes du « Clermont-Ferrand Sevens », circuit mondial de rugby à 7 féminin,
  • En novembre 2017, le direct sur France Ô du « Trophée BNP Paribas », première étape du circuit de Coupe du Monde de sabre dames, (partenariat CNDS / Comité National Olympique et Sportif Français / France Télévisions),
  • A venir le 21 décembre prochain, le direct sur la chaîne L’Equipe de l’étape inaugurale du « Ladies Night Tour », circuit de ski alpin qui verra la participation des meilleures skieuses tricolores.

Si le dispositif est une très bonne chose, une communication mieux ciblée et faite davantage en amont, permettrait sans doute à plus de fédérations de solliciter ces fonds afin que ceux-ci soient intégralement consommés.

Avec la diminution importante que connait le budget du CNDS en 2018[1] et dans l’actuelle incertitude des découpages budgétaires, il ne faudrait pas que l’existence de ce fonds soit remise en question. Car, même si le CSA constate dans son rapport de 2016 une plus forte exposition de la pratique sportive féminine, avec un « poids dans le volume horaire des retransmissions sportives qui a plus que doublé entre 2012 et 2016[2] », l’égalité de diffusion entre les compétitions féminines et masculines dans les médias est loin d’être atteinte.

 

Ainsi donc, plus que jamais en 2018, le maintien de cette aide à la médiatisation, s’avère nécessaire !

 

 

Retrouvez l’interview d’Armelle DAAM, Directrice Générale du CNDS d’Octobre 2017 : http://www.nxtbook.fr/newpress/MEDEF-Paris/C_EST_A_VOUS-1710_46/index.php#/62

 

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 [1] La présence du sport féminin à la télévision constitue un sujet de réflexion pour les pouvoirs publics depuis le début des années 2000. Toutefois, celle-ci ne s’appuyait pas jusqu’en 2012 sur des données statistiques précises. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a donc engagé, au sein de la mission « Sport » présidée alors par Rachid Arhab, un travail d'analyse visant à évaluer la place du sport féminin à la télévision au sein de l'offre de retransmissions de compétitions, et l'attractivité du sport féminin à travers l'audience de ces retransmissions. Cette analyse a porté sur des données observées sur une période de quatre semaines en 2012. Elle a fait apparaitre que les compétitions sportives féminines y représentaient 7 % du volume horaire des retransmissions.

[2] Cet événement organisé en 2014, réédité en 2015 a fait place en 2016 puis 2017 aux 4 saisons du sport féminin.

[3] Bilan 2017 non communiqué à ce jour.

[4] Le Budget du CNDS passe de 260 millions (2017) à 133 millions (2018).

[5] http://www.csa.fr/Etudes-et-publications/Les-etudes-thematiques-et-les-etudes-d-impact/Les-etudes-du-CSA/Sport-et-television-Contributions-croisees2