LES PEPITES D’EGAL SPORT      

Samedi 25 Novembre 2017

LE COMITE ETHIQUE & SPORT BRISE L’OMERTA DES VIOLENCES SEXUELLES DANS LE SPORT...

 

C’est à la suite de la publication, en mai 2007, du livre témoignage « Service volé », d’Isabelle Demongeot dans lequel la tenniswoman dénonce les viols dont elle-même et d'autres joueuses ont été victimes de la part de leur entraîneur, Régis de Camaret que le ministère des sports lance, en 2008, un programme national de lutte contre les violences sexuelles dans le Sport (1) . Dans ce cadre une première étude est réalisée en 2009 (2) . En 2015 une seconde étude (3) vient confirmer le constat que le monde du sport serait bien plus touché par ce fléau que le monde professionnel en général. Alors que parmi les milieux du cinéma, de la politique, de l’université les accusations d’agression sexuelle se succèdent depuis quelques semaines, le silence actuel du monde du sport français peut paraitre surprenant.

 

Très souvent « les victimes attendent d'être complètement sorties du milieu sportif pour parler, par peur d'être limogées, écartées ou décrédibilisées. C'est ce qui explique que dans le sport, l'omerta est plus forte qu'ailleurs » expose, Véronique Lebar, Présidente du Comité Ethique et Sport.

 

Cette association créée en 2013 à l’initiative de personnes, fortement engagées dans le sport, a pris à bras le corps la question de l’environnement de l’athlète, dans le souci d’y réduire les défaillances éthiques de toute sorte.

 

Si le dopage et, depuis quelques années, la fraude sur les paris sportifs sont combattus au nom du principe de l’égalité des chances, la maltraitance peut encore apparaitre  comme un « mal » nécessaire pour atteindre le haut niveau, c’est pourquoi il est si important de définir les grilles de lecture pour la prévenir.

 

Le Comité Ethique et Sport milite pour sensibiliser l’opinion et agir concrètement sur les violences sexuelles dans ce domaine encore très fermé qu’est le sport (haut niveau et professionnel).

 

« Ce silence s'explique également par la structure qui entoure les sportives. Souvent, dans le cas de sports individuels notamment, l'entraîneur et l'entraînée passent plus de temps ensemble que dans leur propre famille...Un huis-clos qui rend toute dénonciation encore plus périlleuse en cas d'acte répréhensible ». (4)

 

En France, pour avoir témoigné en 1991 des agressions sexuelles subies pendant un stage de l'équipe de France, deux lanceuses de marteau rencontrent l'omerta fédérale puis se font exclure de l'équipe alors que leurs agresseurs disputent un an plus tard les Jeux Olympiques de Barcelone. « Quand une victime parle, on préfère couper la branche plutôt que de tenter de régler le problème à la base"(5) , fustige Véronique Lebar.

 

Ce 25 novembre, journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes, la ministre des sports affirme l’importance « de libérer la parole ». Mais la pression que la course aux médailles va générer au sein des fédérations, dans la perspective des Jeux Olympiques de Paris 2024 ne risque-elle pas de renforcer le déni ?

 

Si comme vient de l’annoncer le président de la république, Emmanuel Macron, l'égalité femmes-hommes devient « la grande cause du quinquennat », à quand un plan d’action clairement exposé dans la feuille de route du ministère des Sports ? Programme qui prendrait enfin en compte la formation de l’ensemble des personnels, encadrants, dirigeants, professionnels et bénévoles, sur cette thématique, à l’image des tant regrettés ABCD de l’égalité du ministère de l’éducation ?

 

En attendant - Si vous-même, votre enfant, un.e ami.e, un.e proche, un.e collègue ou un.e sportif.ve que vous avez entrainé.e, a été victime de violences sexuelles dans le cadre de son activité sportive, prenez la parole et témoignez ici : #liberetonsport

 

Vous pouvez également appeler le comité éthique et sport au 01.45.33.85.62. Une écoute anonyme et bienveillante est garantie. Des professionnels (psychologues, médecins, avocats, juristes, coachs), seront présents pour vous conseiller et vous accompagner de façon pratique.

 

(1) Une instruction rend obligatoire, pour tous les jeunes des pôles sportifs, une sensibilisation à cette thématique afin qu’ils se protègent de leur congénère dans le contexte du bizutage ou de leurs entraîneurs. Le numéro « 08VICTIMES » permettait de briser le silence.

 

(2) « Etude des violences sexuelles dans le sport – contexte de survenue et incidences psychologiques » commande de la Direction des sports - Greg Descamps - Laboratoire de Psychologie Université Bordeaux 2 - Sabine Afflelou du CAPS de Bordeaux – Anne Jolly laboratoire de psychologie appliquée Université de Reims Champagne Ardennes.

 

(3) Les entraineur.e.s face à l’homophobie et aux violences sexuelles – DDCS et CD Seine Maritime/université Bordeaux et Rouen

 

(4) https://www.lexpress.fr/actualite/sport/violences-sexuelles-dans-le-sport-l-omerta-est-plus-forte-quailleurs_1956366.html

 

(5) https://www.lexpress.fr/actualite/sport/violences-sexuelles-dans-le-sport-l-omerta-est-plus-forte-quailleurs_1956366.html